Sommaire
Dans
quels cas faire des instillations ?
De quel traitement s'agit-il ?
Comment se fait-il ?
Quelles sont les précautions à prendre ?
Quels en sont les effets indésirables et les
complications ?
Quels en sont les résultats ?
DANS QUEL CAS FAIRE DES INSTILLATIONS ?
La découverte d’un polype vésical nécessite une intervention afin d’assurer un diagnostic histologique précis et dans le cas d’une tumeur superficielle, donc bénigne, éviter son évolution vers une tumeur infiltrante donc maligne. Une fois le polype retiré, si son examen histologique confirme sa nature bénigne (stade histologique pTa ou pT1) une surveillance par des cystoscopies ou fibroscopies sous anesthésie locale sera nécessaire pendant plusieurs années. En effet le risque de ce type de polype est dominé par la récidive (environ 50 % des cas après une résection endoscopique) qui est dans 80 à 90 % des cas toujours bénigne et peut s’observer dans les mois mais aussi parfois les années suivantes, justifiant donc une surveillance prolongée. Plus rarement, peut apparaître une localisation sur le haut appareil c'est à dire au niveau des conduits véhiculant l'urine des reins à la vessie.
Dans certains cas, en fonction de l’examen histologique du polype, de son caractère récidivant ou non et de sa taille, pourra être mis en route après l’intervention un traitement local par des lavages vésicaux de produits dont le but est de traiter l’ensemble de la muqueuse vésicale et limiter ainsi le risque de réapparition des polypes.
DE QUELS TRAITEMENTS S'AGIT-IL ?
Plusieurs traitements endovésicaux peuvent être utilisés: essentiellement l'IMMUCYST® (ou BCG) ou l'AMETYCINE® (Mitomycine). L'IMMUCYST® est globalement moins bien toléré que l'AMETYCINE® mais a une meilleure efficacité dans les tumeurs dites de haut grade (ou encore moins bien différenciées). Il utilise une souche de bacille de Calmette-Guérin, comme celle utilisée pour le vaccin BCG. La découverte de son effet sur la prévention des récidives de polypes vésicaux remonte à 1975.
Ce traitement se fait en consultation. Il consiste en l'injection dans la vessie, grâce à un sondage vésical temporaire, d'une solution contenant de l'AMETYCINE®. Ce produit, cytotoxique, va agir sur la muqueuse de la vessie en provoquant une réaction inflammatoire qui permettra de diminuer le risque de voir réapparaître un polype vésical. A chaque instillation, après avoir été vider votre vessie, une sonde est donc mise en place dans la vessie de façon non traumatique, la couleur des urines vérifiée, puis la solution (préparée immédiatement avant l'instillation) sera injectée dans la vessie. La sonde est alors retirée et vous irez uriner après avoir gardé la solution injectée le plus longtemps possible mais en ne dépassant pas 2 heures et en changeant de position régulièrement tous les 1/4 d'heures.
Ce
traitement peut être débuté rapidement après la résection
des polypes, sauf lorsque les caractères de la résection rendent
probable un passage vasculaire plus important du produit actif, et sera en général
répété toute les semaines pendant 8 semaines. Ce traitement
dit d'attaque peut être suivi ensuite par un traitement d'entretien maintenant
une instillation tous les 15 jours pendant 6 mois puis une fois par mois pendant
12 mois en moyenne (les modalités de ce traitement restent discutées).
Un contrôle cystoscopique sous anesthésie locale et parfois cytologique
sera effectué tous les 3 à 6 mois pendant ce traitement et plusieurs
années après son arrêt.
QUELLES SONT LES PRECAUTIONS A PRENDRE ?
Dans
les 24 heures qui précèdent l'instillation il est conseillé
de boire des eaux alcalines (Vichy), mais éviter de boire dans les 6
heures avant l'instillation pour éviter une dilution trop rapide de la
mitomycine, principe actif, par les urines.
Avant chaque instillation il est nécessaire de vérifier l'absence
d'infection urinaire par un examen cytobactériologique des urines. L'existence
d'une infection fera différer l'instillation prévue.
Le sondage urétral doit se faire de façon atraumatique: des urines
sanglantes lors de la mise en place de la sonde doivent faire annuler l'instillation
prévue.
Après l'instillation il est nécessaire d'uriner assis, en versant
avant la miction dans la cuvette des WC, 200 ml d'eau de Javel diluée
prête à l'emploi (12° chl). Attendre une minute avant de tirer
la chasse d'eau. Ce protocole est à appliquer pendant les 6 heures qui
suivent l'instillation.
Il faudra après la miction effectuer une toilette locale et bien se laver
les mains pendant les 6 heures suivantes pour minimiser le contact éventuel
entre la mitomycine et les téguments.
Il est également nécessaire de maintenir une diurèse élevée
en buvant 2 litres d'eau par jour pendant les 2 jours suivant.
QUELS SONT LES EFFETS INDESIRABLES ET LES COMPLICATIONS POSSIBLES ?
Des
effets secondaires peuvent survenir après une instillation. Il est indispensable
d'en informer votre urologue avant de refaire une instillation, l'instillation
suivante ne devant s'effectuer qu'une fois ces effets disparus.
- augmentation de la fréquence (pollakiurie),
- difficultés
pour uriner (dysurie),
- brûlures en urinant, urines troubles, parfois sanglantes,
Ces réactions sont bénignes et doivent disparaître dans
les 24heures. Ce type de manifestations pourra éventuellement être
traité de façon symptômatique par du paracétamol
notamment, de l'oxybutinine.
Plus rarement peuvent survenir:
- une complication locale:
. Infection bactérienne des voies urinaires.
Celle-ci sera recherchée systématiquement par un examen des urines
avant chaque instillation. La survenue d'une infection devra faire retarder
l'instillation prévue jusqu'à l'obtention d'un examen d'urine
stérile.
. Des cystites calcifiantes pouvant exceptionnellement
évoluer vers la fibrose. On observe souvent lors des cystoscopies de
contrôle l'apparition de calcifications sur les cicatrices de la résection.
. Un rétrécissement de l'urètre
secondaire aux sondages.
- des réactions allergiques: éruption cutanée ou muqueuse
sur les organes génito-externes, sur les mains. Plus rarement un rash
généralisé, des réactions d'eczéma.
- exceptionnellement lors d'un passage sanguin anormal, un leuco et thrombopénie.
La
survenue de ces effets est imprévisible et doit donc être impérativement
signalée à votre urologue lors de l'instillation suivante ou dès
leur survenue s'ils dépassent le cadre des manifestations bénignes.
La mitomycine (AMETYCINE®) est efficace dans 50 % des cas pour empêcher les récidives de polypes de vessie.
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Docteur B. d'ACREMONT - Mise à jour 7 février 2010