PROMONTOFIXATION PAR COELIOSCOPIE

Sommaire:

- principes
- réalisation
   . préparation-installation
   . coelioscopie
   . protocole opératoire
   . exsufflation
- suites opératoires
- complications
- avantages
- inconvénients

- conseils aux patientes

 

PRINCIPES

   Le prolapsus génito-urinaire est lié à un déficit des structures musculaires et aponévrotiques pelviennes. Le relâchement de ces structures entraîne une ptose du plancher et des organes pelviens. Cette pathologie fréquente voit son incidence augmenter avec l’âge surtout après la ménopause.
   De très nombreuses techniques ont été décrites depuis plus d’un siècle, cette multiplicité traduisant bien la diversité des types de prolapsus.
   Le traitement d’un prolapsus doit idéalement repositionner durablement les organes pelviens par une suspension solide, renforcer le plancher et les fascias pelviens déficients, corriger les éventuels déficits ou dysfonctionnements sphinctériens associés, tout en préservant pour les patientes qui le souhaitent la possibilité de rapports sexuels, et tout ceci avec une morbidité aussi faible que possible.

    La promontofixation, réalisée depuis plus de 50 ans par laparotomie est la technique de référence du traitement chirurgical des prolapsus génito-urinaires. Depuis quelques années, le développement de l’abord laparoscopique, permet de réaliser ce traitement par une voie d’abord moins invasive.
   La promontofixation consiste à mettre en place des prothèses synthétiques entre vessie et vagin en avant et en bas, et entre rectum et vagin en arrière et en bas, prothèses qui sont ensuite amarrées au ligament pré-vertébral en haut (devant le promontoire). Le vagin est alors maintenu dans son axe physiologique. Selon le type de prolapsus, il sera mis en place une seule bandelette en avant ou deux bandelettes, en avant et en arrière. L'utilisation de l'abord laparoscopique permet de réaliser cette intervention et permet en général de pousser et fixer la prothèse postérieure sur les muscles releveurs bien en bas de la cavité pelvienne.

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REALISATION

 PREPARATION-INSTALLATION

   Une préparation digestive est réalisée dans les jours précédents l’intervention par un régime sans résidu. Cette préparation va permettre de diminuer le volume des anses intestinales et faciliter l’intervention.
   La patiente est installée en décubitus dorsal, avec les membres inférieurs légèrement écartés pour permettre un accès au vagin, les bras le long du corps, une sonde vésicale est mise en place.

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 COELIOSCOPIE

   Pour pouvoir travailler dans une cavité fermée, la cavité abdominale ou péritonéale (du nom de la membrane séreuse qui tapisse l'ensemble des organes de l'abdomen) il est nécessaire de créer un espace pour pouvoir faire bouger les différents instruments et avoir une bonne vision des organes. Le chirurgien va donc dans un premier temps ponctionner la cavité abdominale, par un petit trocart, en général au niveau de l'ombilic pour gonfler la cavité péritonéale par un gaz inerte (du CO2). On réalise ainsi un pneumopéritoine. Le plus souvent une sonde urinaire aura été placée pour bien vider la vessie et la maintenir vide lors de l'intervention, surtout si celle-çi intéresse le petit bassin. Cette sonde sera retirée en fin d'intervention ou dans les jours suivants selon le geste effectué. Selon les cas ou les habitudes de l'opérateur, la ponction initiale est remplacée par une petite ouverture chirurgicale à ciel ouvert, permettant d'introduire sous contrôle de la vue le trocard de l'optique: on parle alors d'open-coelioscopie.

   Une fois le pneumopéritoine créé, de petites incisions seront effectuées au niveau des trocarts nécessaires à la réalisation de l'intervention. En plus du trocart optique, 3 autres trocarts sont mis en place de 5 ou 10 mm (sus-pubien, et latéraux), placés de façon à permettre au chirurgien d'introduire ses instruments dans le meilleur axe de travail. Sur l'optique introduit en général par le trocart situé au niveau de l'ombilic est fixé une caméra endoscopique qui transmet l'image sur des moniteurs. Il est maintenant possible d'utiliser des caméras 3D qui améliore la restitution de la profondeur de champ. Le chirurgien et son aide suivent donc l'intervention sur un écran.

   Dans certains cas, le geste envisagé n'est pas réalisable par cette voie d'abord du fait par exemple d'adhérences très importantes entres les anses intestinales ou entre celles-ci et la paroi abdominale, ou de part une conformation anatomique particulière, ou enfin devant une mauvaise tolérance respiratoire du pneumopéritoine. Il peut alors être nécessaire de convertir c'est à dire transformer l'intervention initialement prévue par laparoscopie, en une intervention classique par une incision abdominale (laparotomie). De même lorsque surviennent pendant l'intervention, certaines complications, en particulier hémorragiques, il peut être parfois impossible ou difficile sans prendre de risque anormal, de réparer la lésion par voie laparoscopique et une conversion peut être nécessaire pour la traiter et terminer l'intervention.

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 PROTOCOLE OPERATOIRE

   Après exploration de la cavité abdominale, une suspension éventuelle du sigmoïde et de l’utérus sera effectuée afin de faciliter l’exposition. Le chirurgien va ensuite cliver le rectum et la paroi postérieure du vagin jusqu'aux muscles releveurs pour y fixer une bandelette synthétique. Les bandelettes utilisées sont des treillis non résorbables de polypropylène par exemple, de 3 à 4 cm de largeur sur 25 centimètres de longueur. Il se reporte ensuite en avant pour cliver la vessie de la paroi antérieure du vagin et y fixer une seconde bandelette synthétique. Un trajet sous-péritonéal est alors confectionné pour amener les deux bandelettes ainsi fixées en avant et en arrière, jusqu’au promontoire ou elles seront fixées par un fil non résorbable.
   L’intervention s’achèvera ensuite par la péritonisation visant à exclure les bandelettes de la cavité abdominale en refermant le péritoine au-dessus.

 GESTES ASSOCIES EVENTUELS

Selon les cas pourront être réalisés :
- une hystérectomie sub-totale ou totale mais cette dernière fait courir un risque d’infection prothétique.
- une cure d’incontinence urinaire par colpopexie rétro-pubienne par voie laparoscopique, ou par mise en place d’une bandelette sous-urétrale type TVT ou TOT. Cette cure n’est le plus souvent pas systématique en préventif mais est plus souvent réservée aux patientes présentant une incontinence urinaire patente ou masquée par leur prolapsus.
- un cloisonnement du Douglas.
- une périnéorraphie postérieure (reconstitution de la fourchette vulvaire en arrière) en cas de béance vulvaire associée.

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 EXSUFFLATION

   En fin d'intervention, les trocarts seront ôtés successivement, le gaz évacué (exsuflé) et les différentes incisions des trocarts suturées.

Schéma de la mise en place des deux bandelettes
Instruments pour interventions laparoscopique
Mise en place des trocarts
Fixation au promontoire

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SUITES OPERATOIRES

   Après l'intervention il est fréquent de présenter des douleurs aux points de ponction des trocarts, mais également au niveau des épaules. Ces dernières sont provoquées par la présence du CO2 dans la cavité abdominale et en particulier au niveau du diaphragme ou il vient se situer en fin d'intervention avant d'être résorbé par diffusion par le péritoine.
   On peut également observer un crépitement sous la peau en passant la main sur la paroi de l'abdomen surtout autour des points de ponction mais parfois au niveau du thorax plus rarement du cou ou des organes génitaux chez l'homme. Ce crépitement est lié au passage du gaz servant a insuffler l'abdomen lors de l'intervention dans les tissu sous-cutanés, gaz qui sera ensuite résorbé en quelques heures.
   Des hématomes peuvent également se voir aux points de ponction.
   L’ablation de la sonde vésicale est faite un à deux jours après l'intervention.
   La sortie est en général possible à partir du deuxième jour et se fait en général entre 2 et 4 jours après l'intervention.
   La reprise d’une activité professionnelle est envisageable après une convalescence de 3 semaines mais une activité sportive éventuelle ne sera reprise qu’après 3 mois.

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COMPLICATIONS

Pendant l'intervention:

   - Comme nous l'avions indiqués plus haut, une conversion est toujours possible pendant l'intervention. Elle consiste à stopper la laparoscopie et poursuivre l'intervention par une incision classique. Cette conversion peut être décidée par le chirurgien devant une anomalie anatomique individuelle rendant impossible la réalisation du geste prévu, ou devant la blessure accidentelle d'un organe de voisinage (gros vaisseaux, viscère,..) ou enfin devant une mauvaise tolérance respiratoire du patient au pneumopéritoine.
  
- plaie d'un organe de voisinage: grèle, colon, foie, rate, vessie, uretères,.. ou de gros vaisseaux (artères ou veines iliaques par exemple). Lors d'une promontofixation la plaie du rectum, de la vessie ou l'ouverture de la paroi vaginale peuvent plus spécifiquement survenir. Elles peuvent parfois être réparées par laparoscopie mais peuvent imposer une conversion et contre-indiquer la mise en place d'une prothèse.
   - étirement du plexus brachial, entrainant une paralysie et des troubles sensitifs des membres supérieurs le plus souvent régressifs. Ils seront évités au mieux en mettant les bras le long du corps pendant l'intervention.
   
- syndrome de loge par un appui anormal et prolongé entrainant une compression musculaire puis un oedème de ces muscles dans leur gaine. Heureusement exceptionnellement, il peut être nécessaire d'inciser en urgence des gaines aponévrotiques pour éviter que cet oedème n'empêche la vascularisation de ces muscles et n'aboutisse en une nécrose de ceux-çi.

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Post-opératoires:

   - douleurs des épaules par irritation du diaphragme, justifiant l’évacuation soigneuse du gaz en fin d’intervention.
   - emphysème sous-cutané, rarement à préoccupant.
   - éventrations sur un orifice de trocarts. Elles seront prévenues par la fermeture des aponévroses en fin d’intervention au niveau des gros trocarts.
   - issue progressive d'une bandelette dans la cavité vaginale par érosion de la paroi vaginale: on parle d'érosion sur prothèse (3 à 10 % selon les séries). Elles surviennent dans les semaines ou mois suivant l’intervention et le plus souvent au niveau de la paroi postérieure car celle-ci est plus fragile. Lorsque la bandelette est visible par le vagin, son ablation est alors souvent nécessaire.
   - spondylodiscite, infection du disque vertébral au niveau du promontoire: risque exceptionnel, comme par laparotomie mais parfois rapporté.
   - occlusions : rares, elles ont pu être rapportées par incarcération d’une anse dans un orifice de trocart, ou par défaut de péritonisation.
   - lésion d'un uretère (plaie, ou sténose).
   - Hématomes et hémorragies secondaires pouvant nécessiter une réintervention.
   - phlébite et embolie pulmonaire contre lesquels un traitement anticoagulant vous sera prescrit en post-opératoire immédiant et pendant quelques jours. Ce risque est un peu plus élevé lors de la laparoscopie.
   - enfin selon le geste chirurgical pratiqué et selon vos antécédents notamment chirurgicaux, certaines complications plus spécifiques peuvent s'observer et vous seront expliqués plus en détail par votre chirurgien.

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AVANTAGES DE LA LAPAROSCOPIE

Ils sont essentiellement:

  - une cicatrice plus petite que par voie conventionnelle.
  - une moindre consommation d'analgésiques en post-opératoire.
  - une durée d'hospitalisation plus courte que par voie classique (environ deux fois plus courte passant de 8/10 jours à 4/5 jours) justifiée par des douleurs post-opératoires moins importantes.
  - un raccourcissement notable de la période de convalescence et donc d'arrêt de travail (environ 3 semaines)

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INCONVENIENTS

  - La laparoscopie nécessite une formation particulière et longue pour les chirurgiens qui veulent la pratiquer.
  - Les durées d'intervention peuvent être plus longues par laparoscopie que par laparotomie (intervention à ciel ouvert).
  - Enfin le matériel (instruments, matériel endoscopique et vidéo, sutures automatiques,..) alourdi le coût d'une intervention par laparoscopie même si l'on tente d'utiliser des matériels restérilisables pour diminuer celui-çi. Par contre des économies importantes sur les durées d'hospitalisations et sur la durée de convalescence sont permises par cette technique.

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CONSEILS AU PATIENTES

  - Le traitement coelioscopique des prolapsus n’est pas la seule méthode de traitement. En effet, d’autres techniques chirurgicales de cure des prolapsus génito-urinaires existent, que ce soit par voie vaginale ou par laparotomie. Tout prolapsus ne relève donc pas nécessairement d’un abord laparoscopique. Cette décision relève donc avant tout de votre chirurgien le plus à même, en fonction de votre situation, de vous proposer les alternatives possibles et raisonnables.
  - Si elle est moins invasive qu’un abord «classique », cette technique reste une intervention chirurgicale ce qui sous-entend un risque de complications et le risque de devoir poursuivre l’intervention par une incision si une impossibilité ou une complication survenait pendant la coelioscopie.
  - Si la reprise d’une activité « banale » peut se faire après 3 à 4 semaines, la reprise d’une activité sportive éventuelle ou physique importante ne se fera qu’après 3 mois afin d’attendre une bonne cicatrisation et limiter le risque de récidive du prolapsus.

Télécharger la fiche d'information de l' AFU

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Docteur B. d'ACREMONT - Mise à jour le 31/1/2016