Sommaire
Indications
Technique
Conséquences fonctionnelles
Au réveil
Complications per-opératoires
Complications post-opératoires
Précautions, surveillance
Résultats
Devant
la découverte d'une tumeur du rein, son ablation s'impose le plus
souvent. La plupart des tumeurs rénales solides sont malignes et leur
évolution risque d'entraîner un envahissement des tissus graisseux
voisins, des vaisseaux du pédicule rénal, et un essaimage de cellules
malignes vers les ganglions puis à distance vers d'autres organes (métastases
pulmonaires, osseuses, hépatiques,…).
L'intervention de référence devant une tumeur du rein, atteignant
un seul rein avec un autre rein normal et fonctionnel, était l'ablation
de ce rein ou néphrectomie élargie. De plus en plus une chirurgie
conservatrice par néphrectomie
partielle ou tumorectomie est envisagée si techniquement et carcinologiquement
possibles.
La
néphrectomie élargie se déroule sous anesthésie
générale et peut se faire soit par une incision abdominale (voie
sous-costale) du côté du rein tumoral, soit par une incision lombaire
(lombotomie, avec selon les cas ablation d'une extrémité de côte),
soit enfin par coelioscopie (dans ce dernier cas, une courte incision sera effectuée
en général dans le bas de l'abdomen pour extraire le rein une
fois libéré). Le choix entre les différentes technique
se fait essentiellement en fonction du volume de la tumeur, et de l'expérience
de l'opérateur. Une ou deux voies d'abord veineuses sont mises en place
avant le début de l'intervention ainsi qu'une sonde vésicale le
plus souvent.
L'ablation du rein se fait en enlevant tout le tissu graisseux périphérique,
la surrénale si la tumeur est située sur le pôle supérieur
du rein et les ganglions lymphatiques voisins. Selon les constatations opératoires,
parfois suspectés par les examens complémentaires préalables,
d'autres gestes peuvent être nécessaires lors de l'intervention:
biopsie d'une lésion associée, ablation de la rate, d'un segment
de foie, d'un segment intestinal.
Lorsqu'une tumeur du rein est suspectée, une exploration du rein peut être décidée par voie chirurgicale et sera alors le plus souvent conduite par lombotomie. Ce n'est qu'au vue de la lésion que le chirurgien décidera l'ablation éventuelle du rein. Pour prendre cette décision, il peut être fait appel à une biopsie avec examen microscopique extemporané (immédiate, lors de l'intervention) sachant que celle-çi ne peut pas conclure dans certains cas.
L'ablation
d'un seul rein ne modifie par la fonction rénale, l'autre rein s'il est
normal avant l'intervention, assurera à lui seul l'ensemble de la fonction
assurée par les deux reins. Dans certaines pathologies, lorsque le rein
opposé est déficient, la fonction rénale après l'intervention
peut être insuffisante et dans de rares cas justifier une dialyse définitive.
Il peut alors être nécessaire si une telle éventualité
est prévisible, de proposer une ablation partielle du rein tumoral si
celle-ci est réalisable anatomiquement sans prendre le risque de laisser
de la tumeur.
De même l'ablation d'une surrénale n'a pas de conséquence
sauf si la surrénale opposée n'existe plus ou ne fonctionne plus,
dans ce cas, un traitement hormonal substitutif à vie sera nécessaire
En
fin d'intervention, le patient est transféré en salle de réveil
avec une ou deux perfusions, un drainage de la loge de néphrectomie par
un ou deux drains aspiratifs ou une lame de drainage sortant par une petite
contre-incision du flanc.
La sonde vésicale est ôtée quelques heures après
ou le lendemain de l'intervention.
Les drains seront ôtés dans des délais variables selon les
quantités de liquide sero-hématiques évacués. En
général, leur ablation se fait entre 2 à 5 jours suivant
l'intervention.
Pendant l'intervention:
-
ouverture de la plèvre. Par lombotomie, la plèvre peut parfois
être ouverte lors de l'incision. Cette ouverture sera alors refermée
et un petit drain aspiratif laissé en place pendant quelques jours. Dans
tous les cas, après lombotomie, une radiographie est en général
faite en salle de réveil pour bien vérifier l'absence de petite
brèche de la plèvre passée inaperçue.
- ouverture du péritoine: obligatoire par voie abdominale, elle peut
arriver par lombotomie et sera alors simplement refermée pendant l'intervention.
- Hémorragie: il peut survenir surtout dans les grosses tumeurs un saignement
parfois important.
. Pour limiter ce risque il
peut être effectué avant l'intervention une embolisation des vaisseaux
alimentant la tumeur. Cette embolisation consiste par voie radiologique à
obturer les artères nourricières de la tumeur en les cathétérisant
sous amplificateur de brillance.
. L'importance de ce saignement peut
nécessiter une transfusion de sang ou de dérivés sanguins,
avec un risque certe très faible mais toujours possible d'infection (hépatite,
HIV, prions ?,..). Exceptionnellement, un saignement incontrôlable peut
survenir et entraîner un décès lors de l'intervention.
. Cette situation peut survenir si
l'importance du saignement entraîne des troubles de la coagulation pendant
l'intervention (CIVD: coagulation intra-vasculaire disséminée).
Il peut alors être nécessaire de refermer l'incision en tassant
des compresses sur le site opératoire et réintervenir secondairement
une fois les anomalies de la coagulation corrigées.
- Blessure des organes voisins, surtout si la tumeur est volumineuse et étendue:
rate, foie, pancréas, intestin,… Ces blessures pourront entraîner
un geste complémentaire lors de l'intervention: ablation de la rare,
suture intestinale, hépatique,..
- Compressions nerveuses ou des zones d'appuis pendant l'intervention: fesses,
épaule, hanches. Exceptionnellement, un étirement d'un nerf ou
groupe de nerf peut entraîner une paralysie dont la récupération
peut être incomplète (plexus brachial par exemple). Ces compressions
ou étirements sont au maximum prévenues pendant l'intervention
par la mise en place de coussins, la vérification des zones d'appuis
et de contact du patient avec la table d'opération et ces accessoires.
-
infection de la cicatrice opératoire, rares, elle est traitée
en retirant quelques points ou agrafes afin de vider un hématome ou un
abcès, éventuellement par la mise en place de drains, par un traitement
antibiotique. Le risque d'infection est minimisé en demandant au patient
de se doucher avec un antiseptique avant d'être amené au bloc opératoire,
par la prescription lors de l'intervention d'un traitement antibiotique préventif
(antibioprophylaxie).
- Péritonite très rarement: elle impose dans ce cas une réintervention
pour drainer le péritoine, traiter la cause qui peut être une plaie
intestinale, pancréatique méconnue pendant l'intervention.
- Infections nosocomiales: infections à certains germes, souvent résistants,
contractées à l'hôpital. Ces infections peuvent intéresser
le site opératoire, le reste de l'appareil urinaire, les poumons, les
cathéters intra-veineux,… Le taux d'infection nosocomiale est globalement
de l'ordre de 6 à 7 % tous services et toute pathologie confondue (enquête
de prévalence sur une journée en 1996).
- Hémorragie abondante: elle peut alors nécessiter une nouvelle
intervention en urgence pour stopper le saignement.
- Thrombose veineuse: phlébite avec un risque d'embolie pulmonaire parfois
massive et mortelle. Ce risque justifie la prescription d'un traitement anti-coagulant
préventif, le port de bas de contention veineuse des membres inférieurs,
une mobilisation précoce (l'alitement prolongé étant défavorable).
- Occlusion intestinale: souvent réflexe, parfois favorisée par
la prise d'antalgiques morphiniques, due à une paralysie transitoire
du péristaltisme intestinal entraînée par l'ouverture du
péritoine elle régresse alors en quelques jours et nécessite
seulement de différer la réalimentation jusqu'à la reprise
du transit intestinal. Parfois elle est liée à l'apparition d'accolements
(brides) entre les anses intestinales et peut dans ce cas survenir des années
plus tard. Si l'occlusion persiste malgré le jeun, la mise en place d'une
sonde gastrique, une intervention s'impose pour supprimer les accolements responsables
mais le risque de voir de nouveaux accolements se faire à distance demeure.
- Hernie ou éventration: zones de déhiscence au niveau des plans
musculaires et aponévrotiques, elles entraînent une voussure au
niveau de la cicatrice et peuvent alors justifier une intervention réparatrice.
- Troubles de la sensibilité et douleurs cicatricielles (névralgies):
liés à la section de petits rameaux nerveux sur le trajet de l'incision,
à la tractions de la cicatrice sur des nerfs , à la repousse anormale
de nerfs sectionnés (névromes). Ils peuvent parfois demander une
intervention.
- Atonie musculaire par section de nerfs dans les incisions lombaires. Cette
atonie entraîne une voussure de la paroi du flanc.
Après
la sortie, il est nécessaire pour permettre une bonne cicatrisation de
la paroi d'éviter tout effort physique anormal pendant 2 mois.
Il n'est pas nécessaire d'envisager un quelconque régime mais
le maintien d'apports hydriques suffisants est important (une bouteille d'eau
par jour).
Selon la nature et le stade de la tumeur enlevée, une surveillance sera
mise en œuvre par un examen clinique, des examens biologiques et radiologiques
réguliers.
Les petites tumeurs du rein (T1N0M0) ont une survie à 5 ans de plus de 95 %. Les tumeurs plus volumineuses (T3a et T3b) ont une survie à 5 ans de l'ordre de 50 à 60 %.
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Docteur B. d'ACREMONT - Mise à jour le 29 décembre 2014