PYELOPLASTIE PAR COELIOSCOPIE


Sommaire

Rappels anatomiques
Technique
Au réveil
Complications per-opératoires
Complications post-opératoires
Risques à distance
Précautions à prendre
 

RAPPELS ANATOMIQUES ET PATHOLOGIQUES

     En principe il existe deux reins, chacun situé en arrière de la cavité abdominale, en avant des derniers côtes et de chaque côté de la colonne vertébrale.
      Les reins ont un rôle de filtration et élimination de déchets de l'organisme. Cette fonction se fait en produisant de l'urine. Dans chacun des rein, l'urine fabriquée par chacune des unités fonctionnelles du rein (néphrons) est collectée par l'intermédiaire des calices puis tiges calicielles dans le bassinet (ou pyélon) pour progresser ensuite dans l'uretère, canal musculaire qui fait parvenir l'urine jusqu'à la vessie ou elle est stockée entre deux mictions.
      Le syndrome de jonction ou maladie de jonction, correspondant à un rétrécissement de la jonction entre le bassinet et l'uretère. Le rétrécissement de la jonction entraîne une dilatation du bassinet, et ensuite des calices: on parle alors d'hydronéphrose. Cette dilatation peut entraîner des douleurs ou parfois des coliques néphrétiques.

      Il peut être congénital et souvent de nos jours diagnostiqué in utéro, mais parfois acquis ou n'apparaissant que plus tardivement. Il atteint les deux sexes.
      Il peut être lié à l'existence d'un vaisseau anormal venant croiser la jonction qui vient alors basculer sur lui, ou être lié à une fibrose de la jonction.
      Négligé, il peut parfois aboutir à une destruction du rein, se compliquer d'infection, et entrainer des douleurs.

Syndrome de jonction pyélo-urétérale


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TECHNIQUE

      Le traitement du syndrome de jonction consiste à rétablir un passage normal de l'urine entre le bassinet et l'uretère. L'intervention de référence est la pyéloplastie ou résection-anastomose de la jonction. Il existe également d'autres techniques par voie endoscopique (dilatation au ballonnet, incision endoscopique par Acusise ou par voie per-cutanée) mais dont les résultats sont moins bons que la pyéloplastie en première intention. Ces dernières techniques peuvent être utilisées dans certains cas particulier, plus souvent en seconde intention.
      Comme avant chaque intervention, une consultation d'anesthésie est nécessaire dans le mois qui précède l'intervention. La stérilité des urines sera vérifiée par un examen cytobactériologique des urines quelques jours avant l'intervention. Un régime sans résidu pourra vous être demandé quelques jours avant l'intervention pour diminuer le volume de votre colon et améliorer la vision du chirurgien pendant l'intervention.
      Cette intervention se déroule sous anesthésie générale et peut se faire soit par une incision lombaire ou postérieure, soit par coelioscopie. Le choix entre ces voies d’abord se fait en fonction de vos antécédents, du type de rétrécissement, de votre morphologie, des habitudes de l’opérateur. Une ou deux voies d'abord veineuses sont mises en place avant le début de l'intervention ainsi qu'une sonde vésicale. Cette sonde vésicale est mise en place pendant l'anesthésie, pour éviter de mettre sous tension la suture et éviter d'avoir des difficultés urinaires au réveil.
      La coelioscopie ne modifie pas le principe de l’opération. La coelioscopie consiste à opérer sous anesthésie générale, sous écran vidéo par l’intermédiaire d’une caméra fixée à un optique. Cet optique et les instruments du chirurgien sont amenés au site opératoire après ponction de la paroi abdominale au travers de tubes appelés trocarts. Pour pouvoir travailler, l’opérateur doit gonfler la région ou se situe l’intervention, à l’aide d’un gaz inerte (gaz carbonique : CO2). Les avantages de ce type d’intervention sont essentiellement représentés par la simplicité des suites opératoires, la diminution de la durée de convalescence et la réalisation de cicatrices de plus petite taille que par chirurgie conventionnelle.
     Le plus souvent, la jonction pyélo-urétérale est enlevée et le circuit des urines est rétablit en effectuant une suture entre le bassinet et l'uretère. En cours d'intervention une sonde est placée à travers cette suture, soit totalement interne allant du bassinet à la vessie (sonde JJ ou endo-prothèse urétérale) et qui sera retirée quelques semaines plus tard par les voies naturelles lors d'une cystoscopie en consultation, soit sortant à travers la peau et destinées à être retirée quelques jours après l'intervention.
      Un ou plusieurs drains peuvent également être laissés en place en fin d'intervention pour évacuer et surveiller les éventuels écoulements post-opératoires.

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AU REVEIL

      En fin d'intervention, le patient est transféré en salle de réveil avec une ou deux perfusions, un drainage par un ou deux drains aspiratifs.
      La sonde vésicale est ôtée quelques jours après l'intervention. Les drains seront ôtés dans des délais variables selon les quantités de liquide évacués. En général, leur ablation se fait entre 2 à 5 jours suivant l'intervention.

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COMPLICATIONS

Pendant l'intervention:

- hémorragie: il peut survenir par blessure d'un vaisseau. L'importance de ce saignement peut nécessiter une transfusion de sang ou de dérivés sanguins, avec un risque certes très faible mais toujours possible d'infection (hépatite, HIV, prions ?,..). Exceptionnellement, un saignement incontrôlable peut survenir et entraîner un décès lors de l'intervention.
- Blessure des organes voisins: rate, foie, pancréas, intestin,… Ces blessures pourront entraîner un geste complémentaire lors de l'intervention: ablation de la rare, suture intestinale, hépatique,..
- Impossibilité de pouvoir réaliser l'intervention du fait de difficultés anatomiques ; dans ce cas le chirurgien peut prendre la décision de modifier l'intervention, d'intervention par une incision plus grande, voire d'enlever le rein dans certaines situations compliquées.
- Compressions nerveuses ou des zones d'appuis pendant l'intervention: fesses, épaule, hanches. Exceptionnellement, un étirement d'un nerf ou groupe de nerf peut entraîner une paralysie dont la récupération peut être incomplète (plexus brachial par exemple). Ces compressions ou étirements sont au maximum prévenues pendant l'intervention par la mise en place de coussins, la vérification des zones d'appuis et de contact du patient avec la table d'opération et ces accessoires.
- comme pour tout acte chirurgical, certaines complications imprévisibles parfois mortelles peuvent s'observer tenant à des variations individuelles parfois imprévisibles, à l'âge, à la pathologie présentée. Lors de l'intervention un évènement ou des constatations imprévues pourront modifier le déroulement de l'intervention et faire envisager un ou plusieurs gestes non prévus initialement.

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Après l'intervention:

- hémorragie abondante: elle peut alors nécessiter une nouvelle intervention en urgence pour stopper le saignement.
- infection de la cicatrice opératoire, rares, elle est traitée en retirant quelques points ou agrafes afin de vider un hématome ou un abcès, éventuellement par la mise en place de drains, par un traitement antibiotique. Le risque d'infection est minimisé en demandant au patient de se doucher avec un antiseptique avant d'être amené au bloc opératoire, par la prescription lors de l'intervention d'un traitement antibiotique préventif (antibioprophylaxie).
- fistule urinaire due à une mauvaise cicatrisation de la voie excrétrice, à l'origine d'un écoulement d'urines dans l'abdomen, par le drainage de paroi ou par la cicatrice. Cet écoulement pourra parfois nécessiter la mise en place d'une sonde urétérale pour assécher la fistule, plus rarement une nouvelle intervention pour refermer la voie excrétrice, voire enlever le rein.
- péritonite très rarement: elle impose dans ce cas une réintervention pour drainer le péritoine, traiter la cause qui peut être une plaie intestinale, pancréatique méconnue pendant l'intervention.
- Infections nosocomiales: infections à certains germes, souvent résistants, contractées à l'hôpital. Ces infections peuvent intéresser le site opératoire, le reste de l'appareil urinaire, les poumons, les cathéters intra-veineux,… Le taux d'infection nosocomiale est globalement de l'ordre de 6 à 7 % tous services et toute pathologie confondue (enquête de prévalence sur une journée en 1996).
- thrombose veineuse: phlébite avec un risque d'embolie pulmonaire parfois massive et mortelle. Ce risque justifie parfois selon vos antécédents, la prescription d'un traitement anti-coagulant préventif, le port de bas de contention veineuse des membres inférieurs, une mobilisation précoce (l'alitement prolongé étant défavorable).
- occlusion intestinale: souvent réflexe, parfois favorisée par la prise d'antalgiques morphiniques, due à une paralysie transitoire du péristaltisme intestinal entraînée par l'ouverture du péritoine elle régresse alors en quelques jours et nécessite seulement de différer la réalimentation jusqu'à la reprise du transit intestinal. Parfois elle est liée à l'apparition d'accolements (brides) entre les anses intestinales et peut dans ce cas survenir des années plus tard. Si l'occlusion persiste malgré le jeun, la mise en place d'une sonde gastrique, une intervention s'impose pour supprimer les accolements responsables mais le risque de voir de nouveaux accolements se faire à distance demeure.
- troubles de la sensibilité et douleurs cicatricielles (névralgies): liés à la section de petits rameaux nerveux sur le trajet des trocarts, à la tractions des cicatrices sur des nerfs , à la repousse anormale de nerfs sectionnés (névromes). Ils peuvent parfois demander une intervention.
- Plus spécifique à la coelioscopie :
      o douleurs des épaules par irritation du diaphragme, justifiant l’évacuation soigneuse du gaz en fin d’intervention.
      o emphysème sous-cutané, rarement à préoccupant.
      o éventrations sur un orifice de trocarts. Elles seront prévenues par la fermeture des aponévroses en fin d’intervention au niveau des gros trocarts.
      o syndrome de loge par un appui anormal et prolongé des muscles des membres inférieurs essentiellement, entraînant une compression musculaire puis un oedème de ces muscles dans leur gaine. Exceptionnellement, il peut être nécessaire d'inciser en urgence des gaines aponévrotiques pour éviter que cet oedème n'empêche la vascularisation de ces muscles et n'aboutisse en une nécrose de ceux-ci.

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RISQUES A DISTANCE

     Comme dans toute intervention abdominale, des déformations de la paroi de l'abdomen, plus ou moins importantes, et des brides intra-abdominales peuvent survenir.
      Un rétrécissement de l'anastomose pyélo-urétérale peut survenir plus à distance et justifie une surveillance régulière par échographie et si un doute apparaît sur une resténose par urographie intra-veineuse ou uroscanner. Une récidive de la sténose pourra nécessiter une nouvelle intervention par voie chirurgicale ou endoscopique.

PRECAUTIONS -SURVEILLANCE

      Après la sortie, il est nécessaire pour permettre une bonne cicatrisation de la paroi d'éviter tout effort physique anormal pendant 1 mois.
      Il n'est pas nécessaire d'envisager un quelconque régime mais le maintien d'apports hydriques suffisants est important (une bouteille d'eau par jour).
      Si une sonde JJ a été mise en place, son retrait est habituellement effectué un mois après l'intervention, en consultation sous anesthésie locale, par voie naturelle en réalisation une fibroscopie vésicale.

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Docteur B. d'ACREMONT - Mise à jour le 29 décembre 2014