Sommaire:
Définition
Formation des calculs
Constitution des calculs
Causes et facteurs de risque
Mode de révélation:
- la colique
néphrétique
- autres symptômes
Examens complémentaires
Traitements
- 1/ traitement d'urgence:
. de la colique néphrétique
. des complications
- 2/ traitement du calcul
. dissolution
. surveillance
. lithotritie extracorporelle:
principe et réalisation, contre-indications,
complications, résultats.
. méthodes endoscopiques:
. urétéroscopie
. néphro-lithotomie
per-cutanée
. traitement
chirurgicaux
. indications
- 3/ traitement préventif: mesures
hygiéno-diététiques
En
savoir plus sur:
- l'hyperparathyroïdie
- l'hypercalciurie
- teneur en minéraux
des eaux commercialisées
Les calculs rénaux sont liés à une précipitation
de certains constituant des urines, normaux ou anormaux. Cette précipitation
entraîne la formation de cristaux qui augmentent de volume et forment
des calculs, ayant la consistance de petits cailloux.
A l'état de petits cristaux, il sont en général
éliminés sans troubles particuliers, mais en augmentant de volume
ils peuvent alors obstruer les conduits urinaires et entraîner des douleurs,
s'infecter, faire saigner les parois de ces mêmes conduits.
Elle est encore mal connue et plusieurs hypothèses sont évoquées
et probablement diversement intriquées:
- une augmentation de la concentration urinaire de substances
cristallisables (calcium, acide urique, phosphates, cystine,..).
- la fabrication par le néphron, unité fonctionnelle
des reins, d'une molécule protéïque et polysaccharidique,
véritable matrice organique sur laquelle débuterait la cristallisation.
- une diminution de facteurs inhibant la cristallisation,
comme le magnésium, les pyrophosphates, les citrates, les mucopolysaccharides
(uropontine, néphrocalcine, protéine de Tamm-Horsfall, lithostatine
rénale,..).. Le pH urinaire joue également un rôle selon
le type de calcul considéré: des urines acides favorisent la formation
de calculs d'urates, ou de cystine par exemple.
- un facteur de stase ou stagnation des urines (qui peut
être microscopique comme dans l'ectasie canaliculaire pré-calicielle
ou maladie de Cachi Ricci, ou plus nette comme dans une hydronéphrose).
- une infection urinaire à germes uréasiques
favorisant la constitution d'une matrice protéique sur laquelle se formera
un calcul: Protéus, Klebsielles,..
La formation des calculs passe par 4 étapes:
- la formation de germes cristallins, ou nucléation.
- la croissance des cristaux
- l'agrégation des cristaux
- la fixation des cristaux sur l'épithélium
tapissant les cavités rénales.
Les calculs peuvent être constitués :
- d'oxalate de calcium (environ 80 % des calculs urinaires): dihydraté,
le plus fréquent (weddellite), ou monohydraté, plus résistant
(whewellite). Ces calculs sont visibles sur une radiographie sans préparation
de l'abdomen car stoppent les rayons X. Ils sont donc dit radio-opaques. Ils
sont souvent irrégulliers, spiculés avec des arêtes plus
ou moins vives.
- phospho-ammoniaco-magnésien
(struvite): radio-opaques, ils sont fréquemment favorisés ou associés
à une infection urinaire (Protéus). Ils sont jaunes, assez friables
et peuvent parfois mouler tout ou partie des cavités rénales:
ils sont alors dit coraliformes.
- de phosphate de calcium: carbapatite,
lisses ou bosselés avec parfois des aspérités évoquant
du silex, brun clair.
- de cystine: variété
particulière, rare, peu opaque et résistante. Ils sont jaunes
très clair, plus ou moins homogènes.
- d'acide urique: variété
radiotransparente lorsque pure, non visible sur une radiographie sans préparation.
Ils peuvent être dissous en modifiant l'acidité des urines par
leur alcalinisation. Ils se présentent habituellement bien réguliers,
lisses, brun foncés.
- de certaines molécules médicamenteuses.
On peut distinguer les médicaments qui par les modifications qu'ils induisent
dans la composition des urines, vont favoriser la cristallisation et ceux qui
vont eux mêmes cristalliser et former des calculs comme l'indinavir (CRIXIVAN®)
utilisé dans le traitement des infections à VIH.
Essentiellement, la concentration des urines. Plus les urines sont concentrées, plus le risque de précipitation de ses constituants augmente. Toutes les circonstances de déshydratations favorisent ainsi la formation de calculs urinaires: temps chaud, professions en milieu chaud,..
Certaines maladies de l'appareil urinaire entraînant une stagnation des urines (obstacle sur la voie excrétrice comme un syndrome de jontion par exemple).
Certaines causes dites métaboliques entrainant une présence
anormale dans le sang et donc une élimination anormalement abondante
d'un élément chimique qui s'il est suffisamment concentré
précipite et cristallise dans les urines:
-
hypercalcémies: par excès alimentaire, par intoxication à
la vitamine D, par maladie des parathyroïdes (hyperparathyroïdie),
lors de traitement corticoïdes, lors de l'évolution de certains
cancers, ...
- hyperuricémie: goutte, maladie de Lesh Nyhan
(affection congénitale responsable d'une hyperuricémie sévère),
lors de cures de chimiothérapie qui entraînent une destruction
cellulaire importante,..
Enfin, certaines affections rénales ou par élimination rénale
excessive, le rein éliminant anormalement tel ou tel constituant, alors
que son taux dans le sang est normal.
- hypercalciurie: idiopathique,
caractérisée par une élimination anormale de calcium
par le rein ou d'origine médicamenteuse (avec certains diurétiques
notamment).
- hyperuricémie: liées à l'utilisation
de certains diurétiques peu utilisés.
- cystinurie, xanthinurie: maladies congénitales,
caractérisées par l'incapacité du rein à réabsorber
certains acides aminés comme la cystine.
- hyperoxalurie: rarement congénitale, parfois par
excès d'apports en vitamine C, dans certains affections digestives.
Selon leur localisation sur l'arbre urinaire, leur taille, les circonstances de découverte des calculs urinaires peuvent être très variables. La douleur est malgré tout le signe d'appel le plus fréquent même si son intensité n'est pas proportionnelle à la taille du calcul.
La colique néphrétique:
- c'est une douleur lombaire brutale, paroxystique, irradiant vers le bas
et en avant vers les organes génitaux externes, non soulagée
par une quelconque position.
- elle peut être associée à des troubles
digestifs comme des vomissements, nausées, ballonnement abdominal
et à des troubles urinaires provoquant des envies fréquentes
d'uriner, une sensation de blocage, des douleurs lors de la miction surtout
lorsque le calcul est bas situé dans l'uretère, près
de la vessie.
- il est important de vérifier l'absence de fièvre
qui doit dans ce cas faire consulter sans délai car fait suspecter
une infection des urines sous pression au-dessus du calcul
La douleur du rein: lombalgie. C'est une douleur sourde, plus ou moins permanente, située en arrière, sous la dernière côte et sur le flanc avec souvent comme dans la colique néphrétique des irradiations vers le bas et l'avant.
L'hématurie: toute présence de sang dans les urines doit faire l'objet d'un bilan urologique. Entre autres causes, elle peut faire découvrir un calcul. Elle peut être isolée ou associée à des douleurs qui évoquent alors le diagnostic de calcul.
Découverte fortuite. Un calcul peut être découvert lors d'une échographie ou d'une radiographie de l'abdomen demandées pour une autre raison.
Rarement des calculs peuvent être découverts lors d'une
complication:
- infection urinaire:
. c'est une urgence thérapeutique
lorsqu'elle se présente comme une fièvre avec douleurs lombaires
en rapport avec une infection des urines sous-pression au-dessus d'un calcul
(colique néphrétique fébrile). Elle impose en urgence
la mise en place d'une sonde dans le bassinet pour drainer le rein et un
traitement antibiotique adapté.
. elle est parfois asymptomatique
et découverte sur une analyse d'urine.
. certains calculs peuvent également
être découverts dans le bilan de cystites récidivantes
mais il est difficile d'affirmer la responsabilité du calcul dans
ses épisodes infectieux.
- une insuffisance rénale par obstruction
bilatérale par des calculs ou par obstruction calculeuse sur un rein
fonctionnellement unique.
Echographie: elle recherche une dilatation des cavités rénales, de l'uretère juxta-rénal, montre les calculs s'ils sont dans le rein ou l'uretère proximal, même s'ils sont radio-transparents.
UIV: elle visualise les calculs, renseigne sur leur nature (radiotransparents ou opaques), leur localisation, leur taille, leur retentissement (dilatation en amont ?, retard de sécrétion du côté dilaté ?), l'existence d'une anomalie de l'appareil urinaire ayant pu favoriser leur formation. Elle suppose parfois la réalisation de clichés tardifs, plusieurs heures après l'injection du produit de contraste si le calcul est très obstructif. Dans certains cas le calcul peu mouler l'ensemble des cavités rénales: il s'agit alors d'un calcul coralliforme. Cet examen est maintenant supplanté par l'uroscanner.
Uroscanner: il permet de mettre en évidence sur les clichés sans injection, un petit calcul urétéral, de faire la différence entre un calcul, un caillot ou une tumeur du bassinet ou de l'uretère après injection.
UPR: opacification rétrograde de la voie excrétrice lors d'une cystoscopie, elle est nécessaire lorsque les examens ci-dessus n'ont pas pu trancher sur la nature exact de l'obstacle et sur l'existence ou non d'une anomalie de la voie excrétrice. Elle se justifie souvent lors le rein est muet (aucune opacification visible de ce côté même sur des clichés tardifs).
Les examens biologiques:
- ECBU: systématique
avant tout traitement d'un calcul, il recherche une infection (à
germe uréasique comme le Protéus par exemple), la présence
de cristaux qui orienteront sur la composition du calcul, et précisera
le pH des urines.
- prise de sang pour évaluer la fonction rénale
(créatininémie) et dans le cadre de la recherche d'une cause
(calcémie, phosphorémie, uricémie,..).
- bilan phospho-calcique: dosage dans le sang et dans
les urines des métabolites entrant dans la composition des calculs
retrouvés.
- analyse du calcul lorsqu'il a pu être extrait
ou éliminé: idéalement par spectrométrie infra-rouge.
1 / D'URGENCE:
De la colique néphrétique.
Il associe :
- une restriction hydrique lors de la douleur, le repos
au lit avec une surveillance de la température et un tamisage des
urines.
- un traitement anti-inflammatoire: habituellement
du kétoprofen (PROFENID®) par voie orale, injectable ou en
suppositoire.
- un antalgique: dextropropoxyphène associée
au paracétamol (DIANTALVIC®) en évitant toute prise
d'aspirine qui compliquerait la réalisation éventuelle d'un
geste chirurgical en urgence si nécessaire.
- un anti-spasmodique: SPASFON® en dragée
ou LYOC à faire fondre sous la langue mais leur efficacité
n'a pas été clairement prouvée.
Lors de complications:
- douleur non soulagée par les traitements ci-dessus
(colique néphrétique hyperalgique): morphiniques et si nécessaire,
drainage en urgence par montée de sonde urétérale.
- pyélonéphrite sur obstacle:
. hospitalisation impérative
pour mise en route d'un traitement urgent, car il y a risque de choc septique.
. mise en route d'une antibiothérapie
par voie intra-veineuse et drainage des cavités rénales
par montée d'une sonde urétérale ou mise en place
d'une néphrostomie (drain mis en place directement dans le bassinet
à travers la peau de la fosse lombaire).
. insuffisance rénale
aiguë par anurie: drainage par montée de sonde en urgence.
Le traitement du calcul sera entrepris au décours de la crise douloureuse et une fois la complication traitée.
2 / TRAITEMENT DU CALCUL
Dissolution: seuls les calculs d'acide urique purs peuvent être dissous en alcalinisant les urines. Cette alcalinisation peut s'obtenir par absorption d'eaux alcalines (eaux pétillantes surtout avec en premier lieu l'eau de Vichy Saint Yorre contenant 4,5 g/l de bicarbonates, mais également Vichy Célestins, Arvie, Badoit,..), en répartissant cette absorption sur le nyctémère (attention à la charge en sodium qui peut être contre-indiquée dans certaines affections cardio-vasculaires) et peut être également obtenu par des alcalinisants type FONCITRIL (citrate monosodique et monopotassique et acide citrique)®, ALCAPHOS® (citrate dipotassique et disodique).
Lorsque le calcul est de petite taille, non ou peu symptomatique, il est
logique d'attendre son élimination spontanée. La migration
du calcul pourra être suivie en réalisant des clichés
d'abdomen sans préparation lorsqu'il est opaque. Le patient le
sent habituellement passer dans l'urètre mais parfois cette élimination
se fait sans aucun symptôme.
Lorsque le calcul ne migre pas après plusieurs
semaines ou mois de surveillance, ou s'il devient symptomatique, pourront
alors se discuter les possibilités thérapeutiques ci-dessous.
Principe et réalisation:
La lithotritie consiste à diriger sur le calcul une onde de choc afin de le briser en petits fragments qui seront ensuite eux-mêmes éliminés avec les urines. Cette onde de choc est générée par un générateur dont l'énergie est variable selon les machines disponibles (énergie électrohydraulique, énergie pyézzo-électrique, énergie électro-magnétique). L'onde de choc est transmise du générateur par une coupole qui va la faire converger en un point (ou plus exactement un petit volume) que l'on va alors faire coïncider sur le calcul que l'on souhaite traiter. La transmission se fait jusqu'à la peau par de l'eau dans laquelle baigne le patient, ou contenue par une membrane synthétique mise au contact de la peau. L'onde de choc parvient donc sur la peau sur une surface suffisamment large pour éviter ou limiter les douleurs à ce niveau et les risques d'écchymose ou d'hématome.
On va ainsi délivrer une succession d'ondes de choc sur le calcul jusqu'à sa désintégration en se limitant toutefois à une dose maximale afin de limiter les risques d'altération du rein. La cadence des tirs est adaptée à l'électrocardiogramme.
Le repérage du calcul en début de scéance ce fait soit par échographie soit par amplificateur de brillance soit par les deux. Une fois ce repérage effectué il est indispensable de ne pas bouger. Selon le type de lithotriteur, une anesthésie peut donc être souhaitable pour éviter les douleurs, source de mouvements du patient pendant la scéance qui dure 20 à 60 mn selon les cas.
Selon la nécessité ou non d'une anesthésie, la lithotritie se fera avec ou sans hospitalisation. Une radiographie sans préparation est en général effectuée imédiatement après la lithotritie mais le résultat ne peut être véritablement jugé sur la radiographie que quelques jours après. Il est nécessaire de tamiser les urines dans les jours suivant afin de receuillir des fragments dont on analysera la composition au laboratoire.
La lithotritie est contre-indiquée ou impossible dans certains
cas:
- infection urinaire: elle
pourra se faire une fois les urines stérilisées ou sous
traitement antibiotique.
- grossesse.
- traitement anticoagulant
(risque d'hématome ou d'hématurie importante).
- anévrisme de l'aorte,
de l'artère rénale ou splénique.
- obésité (centrage
du calcul impossible).
Après la lithotritie peuvent survenir:
-
Une hématurie: présence de sang dans les urines, souvent
mélangéà de petits fragments de calcul (sable) qu'il
est préférable de receuillir afin d'en permettre une analyse.
-
Des douleurs lombaires
- Des coliques néphrétiques, liées
à la migration des fragments de calcul. Elles seront traitées
médicalement par anti-inflammatoires, antispasmodiques et antalgiques.
Elles peuvent être liées à l'accumulation des fragments
dans la bas uretère: empierrement urétéral. Des coliques
néphrétiques peuvent survenir dans 10 à 20 % des
cas après une scéance de lithotritie. Lorsque le calcul
est volumineux, il peut être proposé de mettre en place avant
la lithotritie, une sonde
JJ pour éviter le risque une obstruction aiguë après
la fragmentation.
- Plus rare mais imposant une hospitalisation en urgence,
peuvent survenir des douleurs et de la fièvre. Il peut s'agir d'une
pyélonéphrite sur obstacle qui est une urgence chirurgicale.
- Un hématome sous-capsulaire du rein (hématome
dans le rein sous son enveloppe fibreuse appelée capsule). Le plus
souvent asymptomatique et sans conséquence, il sera suspecté
devant la persistance de douleurs lombaires, banales pendant les 24 heures
qui suivent la lithotritie. L'échographie permettra d'en faire
le diagnostic. Ces hématomes régressent spontanément
dans la plupart des cas sans nécessitée d'être évacués.
- Une hypertension artérielle: il semble exister un
risque à long terme, très faible et controversé,
de voir apparaître une hypertension artérielle.
Les résultats de la lithotritie dépendent de la localisation
du calcul, de sa taille et de sa composition. Globalement:
- plus le calcul est volumineux
plus le risque de complications obstructives (colique néphrétique)
est important, plus le risque de devoir envisager un traitement complémentaire
est également important (nouvelle lithotritie, urétéroscopie,
chirurgie per-cutanée).
- La lithotritie fait disparaître
70 % des calculs du rein mais ce taux est inférieur dans les calculs
situés en bas du rein (calices inférieurs) et plus élevé
pour ceux situés dans le calice supérieur. Dans l'uretère,
70 à 80 % des calculs sont traités avec succès par
cette méthode.
Traitements par voie endoscopique:
Sous anesthésie générale, surtout si le calcul est situé dans la partie supérieure de l'uretère, un urétéroscope (appareil endoscopique permettant de voir à son extrémité et d'introduire jusqu'à celle-ci des instruments endoscopiques miniatures) est introduit par voie naturelle jusqu'à la vessie puis va être glissé par l'orifice de l'uretère dans la vessie, le long de l'uretère jusqu'au calcul. Cet appareil peut être rigide et rectiligne, de petit diamètre à son extrémité (3 à 5 mm selon les modèles) et sera introduit parfois après une dilatation de l'orifice urétéral. Il mesure environ une quarantaine de centimètres et son optique est relié à une caméra endoscopique qui retransmet l'image sur un moniteur vidéo. Une perfusion de sérum physiologique par son canal interne permet de mieux voir à l'extrémité en ouvrant bien la lumière des canaux, en lavant les saignements qui gênent la vision. Son introduction est en général faite après avoir monté dans l'uretère jusqu'au rein un fil guide métallique ou synthétique qui servira de "fil d'Ariane" lorsque l'intervention est difficile ou compliquée. Ont été mis au point plus récemment des urétéroscopes non plus rigides mais souples, plus petits et flexibles, qui peuvent remonter jusque dans les cavités rénales et explorer l'ensemble des calices. C'est un matériel par contre plus fragile.
L'ensemble de la procédure s'effectue sous contrôle fluoroscopique avec un amplificateur de brillance autour de la table d'opération, appareil permettant en injectant un produit de contraste dans l'uretère de l'opacifier, repérer le calcul, vérifier son élimination, la progression du fil guide, de l'urétéroscope. Des clichés radiologiques peuvent être également tirés grâce à cet appareil.
Une fois l'urétéroscope au contact du calcul, celui peut
être saisi dans par une sonde à panier qui le ramène
alors à l'extérieur ou cassé sur place (lithotritie
endoscopique) par différents moyens:
- chocs balistiques (Lithoclast) véritable "micro-marteau
piqueur".
- chocs piezzo-électriques (ultra-sons)
- laser pulsé.
La néphro-lithotomie percutanée ou chirurgie per-cutanée du rein pour calcul, consiste en la ponction directe du rein à travers la peau, puis la mise en place par ce trajet de ponction d'un appareil endoscopique qui permet une fois en place dans les cavités du rein de casser le calcul et extraire les fragments de celui-ci.
Cette intervention se pratique sous anesthésie générale ou parfois sous anesthésie loco-régionale si l'intervention est a priori courte. Elle nécessite la présence dans la salle d'opération d'un amplificateur de brillance. Dans un premier temps, le patient installé en position gynécologique, une cystoscopie est réalisée afin de mettre en place une sonde dans l'uretère. Cette sonde va permettre d'opacifier les cavités rénales et les dilater légèrement afin de faciliter la ponction du rein.
Une fois cette sonde mise en place et solidarisée à une sonde vésicale posée dans le même temps opératoire, le patient est alors mis sur le ventre. En perfusant par la sonde urétérale du produit de contraste et sous contrôle par amplificateur de brillance, le chirurgien ponctionne le rein en visant en général un calice inférieur. Pour cette ponction il est également possible d'utiliser l'échographie pour faciliter la visée.
Une fois l'aiguille de ponction dans les cavités rénales, le trajet de ponction (de la peau au rein lui-même) est dilaté progressivement afin de mettre en place le néphroscope, appareil endoscopique permettant d'intervenir dans les cavités mêmes du rein. Pendant toute l'intervention, un liquide de lavage (serum physiologique le plus souvent) sera perfusé par le néphroscope et permet d'éviter d'être géné par les saignements éventuels, en maintenant les cavités rénales larges. Le calcul peut être alors extrait en totalité (monobloc) s'il peut passer par l'appareil lui-même, ou fragmenté sur place puis extrait par morceaux. Une fois l'intervention terminée, une sonde dite de néphrostomie est laissée en place dans les cavités rénales, par le trajet de ponction du rein. Cette sonde va permettre de bien drainer les urines, d'évacuer d'éventuels caillots et permettra de contrôler radiologiquement la disparition de tout calcul résiduel.
Dans certains cas, le calcul, ne peut être ôté qu'en abordant directement le bassinet, ou l'uretère.
Lorsqu'il est dans le bassinet ou coraliforme, une lombotomie sera réalisée (incision du flanc) permettant d'accéder directement sur le rein et sur le bassinet, l'inciser et retirer le ou les calculs.
Lorsqu'il est dans l'uretère lombaire, iliaque ou pelvien une incision plus basse sera réalisée au niveau abdominal et latéral (incision iliaque). L'uretère et le calcul seront repérés. L'uretère sera alors incisé sur le calcul qui est alors ôté. L'incision de l'uretère sera fermée en laissant en général une sonde JJ pour la protéger pendant quelques semaines. Cet abord de l'uretère peut se faire également par coelioscopie limitant l'incision à 3 ou 4 points de ponction de la paroi abdominale pour permettre la mise en place des trocards par lesquels seront amenés les intruments.
Le choix entre ces différentes techniques se fait en fonction de
plusieurs critères qui seront discutés en fonction :
- de la taille et situation du calcul.
- de sa composition supposée.
- des antécédents personnels urologiques
et généraux.
- de l'existence d'une complication éventuelle
du calcul (infection, dilatation du rein, douleurs importantes,..)
- de la situation socio-professionnelle du patient.
- du matériel disponible.
De façon très shématique et simplifiée:
- un petit calcul non symptomatique peut être
surveillé ou traité par lithotritie extra-corporelle.
- un calcul du rein peut être traité par:
. lithotritie extra-corporelle
lorsqu'il mesure moins de 2 cm
. urétéroscopie
souple parfois
. ou par néphrolithotomie
per-cutanée lorsqu'il est plus volumineux.
- un calcul de l'uretère peut être traité
par:
. remontée dans le rein
(flush) puis mise en place d'une sonde JJ puis LEC.
. urétéroscopie.
. lithotritie extra-corporelle
- un calcul vésical par lithotritie endoscopique
ou par une cystotomie (incision chirurgicale de la vessie).
3 / TRAITEMENTS PREVENTIFS: Règles hygiéno-diététiques.
Dans tous les cas le traitement de fond de la maladie lithiasique repose sur une augmentation du débit urinaire (diurèse). Celle ci nécessite un apport quotidien de 2 à 3 litres d'eau. Cet apport doit être bien réparti dans la journée mais également le soir au coucher ou lors de réveils nocturnes.
Dans les calculs d'acides uriques: il convient de limiter les apports en purines. Un régime hypocalorique et hypoprotidique est recommandé. Sont à éviter, les abats (ris de veau, foie, rognons), certains poissons et crustacés (hareng, thon, truite, sardine, anchois), les bourgognes, le gibier. Ne pas oublier l'alcalinisation des urines qui facilite la dissolution des calculs et peut s'obtenir par absorption d'eaux alcalines (eaux pétillantes surtout avec en premier lieu l'eau de Vichy Saint Yorre contenant 4,5 g/l de bicarbonates, mais également Vichy Célestins, Arvie, Badoit,..), en répartissant cette absorption sur le nyctémère (attention à la charge en sodium qui peut être contre-indiquée dans certaines affections cardio-vasculaires) et peut être également obtenu par des alcalinisants type FONCITRIL (citrate monosodique et monopotassique et acide citrique)®, ALCAPHOS® (citrate dipotassique et disodique).
Dans les calculs calciques: le principe de base est de
privilégier une alimentation équilibrée.
- préférer les
eaux peu minéralisées
(Mont Roucous, Volvic, Evian, eaux de sources type Cristalline, ou eau
du robinet contenant moins de 120 mg/l de calcium) aux eaux plus minéralisées
ou pétillantes (Contrexeville ou Hépar contiennent environ
500 mg/l de calcium par exemple, Vittel 200 mg/l). La quantité
d'eau est toutefois presque plus importante que sa qualité minérale.
- limiter mais sans les éliminer,
les aliments riches en calcium (laitages, fromages,..). Un apport quotidien
de 800 à 1000 mg est conseillé soit 2 aliments laitiers
par jour (un yaourt et une part de fromage par exemple), en plus des apports
alimentaires non laitiers et incompressibles (environ 200 mg/j) et de
l'eau dont on adaptera la richesse en calcium aux habitudes de consommation
en produits laitiers du patient.
- limiter les apports en sel
car un excès de sel alimentaire augmente l'élimination de
sodium et de calcium dans les urines (éviter donc de rajouter du
sel, ou les aliments riches en sels comme la charcuterie,..);
- éviter un excès
de vitamine C (100 mg par jour sont suffisants) mais les jus d'agrumes
sont utiles par leur apport en citrate (un ou deux verres de jus d'orange
par jour sont donc conseillés),
- limiter les apports en oxalates
(chocolat, épinards, oseille, thé, café, asperges,
rhubarbes, betteraves,...),
- limiter les apports en protides.
Se reporter sur la fiche "Conseils diététiques aux patients présentant des calculs oxalo-calciques".
En savoir plus sur:
L'hyperparathyroïdie est définie par la production anormale d'une hormone intervenant dans le métabolisme du calcium, la parathormone. Cette production peut être primitive et inappropiée, par "emballement" d'une ou de plusieurs glandes parathyroïdiennes: on parle alors d'hyperparathyroïdie primaire. Elle peut être également la conséquence d'une autre affection, essentiellement dans l'insuffisance rénale terminale, sa surproduction étant secondaire à l'atteinte du métabolisme de la vitamine D au niveau rénal: on parle alors d'hyperparathyroïdie secondaire.
La parathormone intervient dans la régulation du métabolisme du calcium. Elle augmente la réabsorption du calcium par le tubule rénal, facilite la résorption du calcium osseux et l'absorption du calcium alimentaire dans le tube digestif. Son action tend donc à augmenter le taux du calcium plasmatique. Normalement la régulation constante de sa production permet, avec d'autres mécanismes régulateurs, de maintenir un taux de calcium stable. La parathormone est sécrétée par 4 petites glandes dites parathyroïdiennes, situées en arrière de la glande thyroïde, dans le cou.
L'hyperparathyroïdie primitive est caractérisée par une dérégulation de cette production, par production inappropriée par un adénome (tumeur bénigne) développé aux dépends d'une (plus exceptionnellement de deux) glandes parathyroïdiennes, ou plus rarement par une hyperplasie de l'ensemble du système parathyroïdien, exceptionnellement par un cancer d'une glande parathyroïdienne.
Le plus souvent c'est une découverte biologique par un dosage de la calcémie qui fera découvrir la maladie. Classiquement, l'hyperparathyroïdie peut entraîner des lithiases urinaires souvent récidivantes, une néphrocalcinose dans les formes évoluées (dépôts calciques dans le tissu rénal lui-même), des remaniements osseux liés à la résorption accélérée du calcium osseux associée à une néoformation osseuse réactionnelle, pouvant aboutir à l'ostéite fibrokystique devenue exceptionnelle de nos jours. Moins exceptionnels, peuvent s'observer une fatigue, des troubles de l'humeur, du sommeil, des douleurs abdominales, majorés en cas de déshydratation.
Le diagnostic est biologique et associe dans la forme typique, une hypercalcémie, une hypophosphorémie, une hypercalciurie, et un taux de parathromone plasmatique élevé. Parfois les dosages peuvent être peu ou non perturbés et l'on pourra révéler l'affection par un test dynamique de charge en calcium (test de Pak). On éliminera ainsi les autres causes d'hypercalcémie ou les hyperparathyroïdies dite paranéoplasique (par sécrétion par la tumeur d'une hormone voisine de la PTH normale que l'on appèle PHT-like).
Le diagnostic porté, son seul traitement est chirurgical consistant en l'ablation du tissu parathyroidien anormal (adénome, hyperplasie,..). Les examens complémentaires n'ont en général pas d'intérêt en première intention pour tenter de localiser la glande pathologique, l'exploration chirurgicale par un chirurgien entraîné à cette pathologie étant nettement plus fiable (les risques de cette chirurgie sont essentiellement la paralysie des nerfs récurrents, et une hypocalcémie séquellaire). Les examens de localisation seront par contre utile en cas d'échec de l'exploration chirurgicale, pour rechercher une localisation ectopique de la parathyroïde anormale. Dans certains cas peu évolués une surveillance peut se discuter sous surveillance stricte.
L'Hypercalciurie est définie comme une élimination journalière de calcium dans les urines anormalement élevée, supérieure à 7,5 micromol soit 300 mg de calcium pour l'homme (250 mg chez la femme). Le diagnostic se fait par la mesure de la calciurie, en dosant le calcium sur les urines de 24 heures, en s'assurant de la qualité du recueil des urines. Le dosage simultané de la créatininurie permet de vérifier la fiabilité de ce recueil. Dans certaines situations, lorsque les résultats sont d'interprétation non univoques, on pourra s'aider d'épreuves de charge en calcium pour démasquer une anomalie du métabolisme calcique compensée par les différents mécanismes régulateurs de celui-çi (Epreuve de Pak).
L'hypercalciurie expose au risque de lithiase urinaire et au risque de déminéralisation osseuse.
La calciurie est la différence entre la quantité de calcium filtré par le glomérule rénal, et la quantité de ce même calcium réabsorbé par le reste du néphron. La calciurie peut donc augmenter par une élévation de la concentration du calcium dans le liquide extra-cellulaire (charge filtrée) ou par une diminution de la réabsorption tubulaire du calcium. Une élévation de la concentration dans le sang du calcium (hypercalcémie) va donc entraîner une augmentation de la calciurie (hypercalciurie).
L'élévation
de la concentration du calcium dans les liquides extra-cellulaires peut
être due à une augmentation de son absorption par
l'intestin, ou par une augmentation de la résorption du calcium
osseux (l'os constituant un réservoir de calcium).
- Normalement il existe un équilibre entre les
phénomènes osseux de construction (constitution d'os par
les ostéoblastes) et de destruction (résorption de l'os
par les ostéoclastes). Parfois cet équilibre peut être
rompu, aboutissant à une résorption accrue de l'os le plus
souvent (comme dans certaines tumeurs malignes, métastases, myélome,
immobilisation prolongée, etc.).
- L'absorption digestive du calcul peut également
être anormalement augmentée lorsque les apports sont trop
importants par exemples. Les apports habituels de calcium par l'alimentation
sont d'environ 800 à 1000 mg par jour et sur cette quantité,
300 mg seront absorbés par l'épithélium intestinal,
soit une fois déduit le calcium sécrété par
le tube digestif, un apport réel de 150 à 200 mg par jour.
- L'équilibre du métabolisme du calcium
est médié par différentes hormones: la parathormone,
le calcitriol essentiellement mais également par la vitamine D
et ses dérivés, etc. Toute modification pathologique de
leur production entraînera des anomalies dans la calcémie
et donc la calciurie.
La réabsortion tubulaire du calcium peut être quant à elle diminuer dans les excès d'apports sodés, lors d'acidose métabolique, d'apports protidiques élevés, d'une hypercalcémie, d'une hypermagnésémie, avec la prise de diurétiques de l’anse (furosémide: LASILIX®), dans les déficits en parathormone. Cette fuite urinaire de calcium n'est durable que si la diminution de la calcémie qu'elle finit par entraîner, est compensée par l'augmentation de l'arrivée du calcium dans les liquides extra-cellulaires (par absorption digestive, catabolisme osseux).
L'hypercalciurie peut être:
-
secondaire, et liée à:
. à une augmentation très
importante du calcium ingéré dans l'alimentation (ou par
des médicaments).
. à une augmentation de l'absorption
digestive du calcium (dans l'hyperparathyroïdie, les intoxications
à la vitamine D, les granulomatoses type sarcoïdose, etc)
. à une augmentation de la résorption
osseuse (dans l'hyperparathyroïdie, les tumeurs malignes, l'immobilisation
prolongée, l'hypercortisolisme et les traitements prolongés
par corticoïdes, les intoxications à la vitamine D, les acidoses
métaboliques, etc).
.et enfin à une diminution de la
réabsortion tubulaire rénale du calcium (traitements par
diurétiques de l'anse, acidose métabolique, etc).
-
mais le plus souvent primitive (dite idiopathique):
. on observe constamment une diminution
de la réabsorption du calcium dans le tubule rénal mais
également une augmentation de l'absorption digestive du calcium
ingéré dont les mécanismes sont mal connus.
. à long terme on peut observer une
déminéralisation osseuse mais dont l'interprétation
reste discutée.
. son traitement n'est justifié que
s'il existe une lithiase rénale ou une déminéralisation.
Il repose sur des mesures hygiéno-diététiques visant
à diminuer les facteurs aggravants (diminuer les apports en calcium,
en sodium, en protéines animales), diminution dont on peut contrôler
l'efficacité en effectuant à nouveau un dosage de la calciurie.
En cas d'échec, on peut alors utiliser un traitement par diurétique
thiazidique (hypochorothiazide: ESIDREX 25®) qui en augmentant la
réabsorption tubulaire du calcium, va diminuer son excrétion.
Docteur B. d'ACREMONT - Mise à jour 7 février 2010